Otto Freundlich (1878-1943), la révélation de l’abstraction

Du 28 février 2020 au 31 janvier 2021, le Musée de Montmartre propose une exposition sur Otto Freundlich, la première dans un musée parisien depuis 1969. Peintre et sculpteur allemand, cette figure majeure du mouvement de l’abstraction réalisa une partie de sa carrière à Montmartre.

Organisée en partenariat avec le musée de Pontoise, cette exposition monographique propose un parcours chronologique et narratif en huit sections. Réunissant près de 80 œuvres (sculptures, peintures, vitraux, mosaïques, œuvres graphiques) le parcours permet de découvrir l’évolution de sa création et de son style mais également de percevoir son rôle précurseur dans la conception de l’art moderne et abstrait.

Composition, 1911
Huile sur toile, 200 x 200 cm
Musée d’Art moderne de Paris (Inv. AMVP 4259, Wvz. 107)

Rosace II, 1941
Gouache sur carton, 65 x 50 cm
Donation Freundlich – Musée de Pontoise (Wvz. 210)

Fort d’une carrière artistique de 30 ans, l’histoire et l’œuvre d’Otto Freundlich entrent en résonnance avec tous les événements artistiques cruciaux de la première moitié du XXe. Proche du foyer artistique de Montmartre, il devient l’ami fidèle de Picasso dont il est le voisin au bateau-lavoir et où il s’installe en 1908 ; de l’abstraction en France, pays témoin de de son passage progressif de la figuration à l’abstraction notamment avec la création de sa première œuvre abstraite Composition en 1911 ; du dadaïsme en Allemagne où il organise avec Max Ernst la première exposition Dada de Cologne en 1919. Il est également en connexion avec la plupart des personnages majeurs de la scène artistique moderne de l’époque (Braque, Apollinaire, Robert et Sonia Delaunay, Max Jacob, Kandinsky, Léger, Derain, etc.).

Animé d’un profond humanisme, qu’il traduit dans sa peinture à travers la fusion de la couleur et de la forme en créant à l’aide de lignes, de demi-ogives, et de couleurs vives une sorte de cyclone qui donnerait naissance à un monde meilleur, il voit l’abstraction comme une libération de l’individualisme et un programme social.

On retient également l’engagement fort d’Otto Freundlich dans le combat politique et la lutte pour un art nouveau. En 1937 son œuvre sera d’ailleurs utilisée – avant d’être détruite – par les nazis pour l’exposition des « Arts Dégénérés » ; sa Grande Tête fait la couverture du catalogue. Cet engagement politique ainsi que ses origines juives provoqueront sa déportation en camp de concentration où il meurt en 1943.

L’exposition est donc une occasion unique de découvrir l’œuvre puissante et la vie tragique d’un artiste qui marqua l’un des mouvements les plus importants de l’art de la première moitié du XXe siècle, l’art moderne.

Cet hommage à Otto Freundlich se poursuit également hors les murs à la Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre où deux de ses vitraux sont présentés, mais aussi au Mémorial de la Shoah, avec qui deux demi-journées d’études sont organisées, et enfin au musée d’art et d’histoire du Judaïsme dans le cadre de son exposition Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour Ecole, 1905-1940.

Couverture du catalogue de l’exposition « L’Art dégénéré »)
Rééd. de 1988 (1937), 27 x 21 cm
IMEC, Saint-Germain-la-Blanche-Herbe

Composition, 1938-1941
Vitrail, 63,5 x 49,5 cm
Donation Freundlich – Musée de Pontoise (Wvz. 43)

« Que puisse arriver bientôt le jour où les hommes pourront à nouveau construire sur la beauté que les artistes leur offrent. »

Otto Freundlich, 1939